Quand j’ai découvert l’existence du site Girlfrien AI site qui vous propose une petite amie virtuelle, puis que 25 % des jeunes adultes (28 % des hommes, 22 % des femmes) considèrent qu’une IA pourrait remplacer une relation réelle – enquête IFS/YouGov 2024 (Institute for Family Studies) et 13 % des Européens se sentent seuls « la plupart du temps » ou « tout le temps, j’ai ressenti un mélange de stupeur et d’effroi. Ce scénario, qui aurait pu sembler tiré d’un épisode de Black Mirror, est désormais une réalité statistique.
Et cette réalité ne touche pas seulement la sphère intime. Elle interroge aussi notre société, nos liens… et le rôle des marques. Dans cet article, notre agence de communication toulonnaise analyse ces mutations : si l’IA devient un substitut crédible aux relations humaines, comment continuer à créer de la confiance, de l’émotion et du sens ?
Pourquoi et comment en est-on arrivé là
En Europe, la solitude progresse. Selon l’enquête EU-LS 2022, près de 13 % des Européens déclarent se sentir seuls « la plupart du temps » ou « tout le temps » au cours des quatre dernières semaines.
Chez les jeunes adultes, ce sentiment est amplifié : moins d’interactions sociales, une hyperconnexion qui n’aboutit pas à des liens réels, une pression accrue sur l’image de soi. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’exacerber cette fragilité.
Dans ce contexte, les IA-compagnes apparaissent comme une réponse sans risque : pas de rejet, pas d’incertitude, disponibilité totale. Mais cette facilité nourrit une logique inquiétante : la relation devient consommable, au même titre qu’un contenu numérique.
Quelles conséquences pour l’avenir ?
- Un glissement culturel : préférer une IA à un partenaire humain, c’est transformer notre rapport à l’altérité et à la vulnérabilité.
- Un risque de désincarnation : à force d’interactions calibrées, l’humain peut perdre le goût des relations réelles et de leur complexité.
- Un impact sociétal profond : si l’IA devient un refuge affectif, notre capacité à faire confiance aux autres — et aux marques — est directement menacée.
Études et chiffres clés
- 25 % des jeunes adultes (28 % des hommes, 22 % des femmes) considèrent qu’une IA pourrait remplacer une relation réelle — enquête IFS/YouGov 2024 (Institute for Family Studies).
- 13 % des Européens se sentent seuls « la plupart du temps » ou « tout le temps » — enquête EU-LS 2022 (Commission européenne).
- Chiffres tirés d’une étude réalisée par Girlfriend AI aux USA. J’attire votre attention sur le fait qu’il s’agit d’une étude privée dont la méthodologie d’enqête n’a pas été révélée, les chiffres sont dont à évaluer avec discernement. Il s’agit plus ici de décrypter une tendance naissante et réelle que de s’arquebouter sur l’importance des chiffres :
- 50 % des jeunes hommes préfèreraient une compagne IA plutôt que risquer le rejet d’un partenaire humain — rapport de la plateforme Girlfriend.ai, relayé par Reuters (2025).
- 31 % des hommes américains de 18 à 30 ans discutent déjà avec des IA-companions (ibid., Reuters).
- 19 % des adultes américains ont exploré une relation sentimentale avec une IA (ibid., Reuters).
- 80 % des Gen Z envisageraient une relation virtuelle avec une IA (ibid., Reuters).
- 83 % des Gen Z estiment possible de nouer un lien émotionnel profond avec une IA (ibid., Reuters).
Les implications pour les marques et les annonceurs
La confiance est déjà fragile. Le baromètre Havas Meaningful Brands rappelle que 78 % des marques pourraient disparaître sans émouvoir personne. Dans le même temps, 84 % des Français déclarent avoir besoin d’un alignement de valeurs pour consommer une marque (étude Edelman Trust).
Or, dans un univers où les IA produisent des contenus en flux illimité, le risque est évident : la saturation par l’artificiel peut accentuer l’indifférence. Demain, si une IA peut remplacer une relation humaine, pourquoi un consommateur ne remplacerait-il pas une marque… par une autre, tout aussi artificielle ?
Et notre rôle, en tant qu’agences ?
En tant qu’agences web, nous devons être les garde-fous. Notre mission ne se limite pas à utiliser les bons outils, mais à poser les vraies questions :
- Comment réintroduire la proximité humaine dans un univers saturé de technologie ?
- Comment créer de vrais moments de lien plutôt que des contacts artificiels ?
- Comment faire en sorte que les marques soient perçues comme des repères émotionnels et culturels, et non comme des flux de contenus interchangeables ?
Notre responsabilité est d’accompagner les annonceurs pour que l’IA reste un levier et non un substitut aux relations humaines.
Pistes concrètes pour remettre les relations humaines au centre
- Expériences incarnées : multiplier rencontres physiques ou hybrides (événements, ateliers, clubs).
- Mettre en avant des visages et des récits réels : collaborateurs, clients, partenaires.
- Changer les indicateurs de succès : mesurer la confiance et l’intensité des échanges, pas seulement les clics.
- Encourager la co-création : donner une place réelle aux communautés dans la communication.
- Assumer une charte éthique de l’IA : clarifier où l’IA intervient et où l’humain reste indispensable.
- Cultiver la lenteur et la profondeur : privilégier des récits durables à la logique de flux instantanés.
Checklist : 10 actions dès demain pour recréer du lien
- Publier une charte d’usage de l’IA et la rendre visible.
- Humaniser chaque campagne avec des témoignages ou des portraits.
- Organiser un événement physique ou hybride par trimestre.
- Créer un espace de dialogue animé par de vrais humains.
- Tester systématiquement l’impact émotionnel des contenus.
- Associer les clients à la création via ateliers, sondages, co-création.
- Mesurer la confiance et la proximité, pas seulement l’engagement.
- Ralentir la cadence : mieux vaut un contenu fort qu’une série artificielle.
- Valoriser les histoires vraies (projets locaux, initiatives sociales).
- Repenser chaque point de contact comme une rencontre, pas seulement comme une conversion.
Conclusion
Ces chiffres, qui semblaient hier encore relever de la science-fiction façon Black Mirror, nous obligent à regarder en face une réalité dérangeante : l’intelligence artificielle ne se contente plus d’optimiser nos outils, elle s’immisce dans nos vies les plus intimes. Ce basculement révèle une société en manque de repères relationnels et affectifs, où la promesse d’un lien artificiel, sans risque et disponible à volonté, séduit de plus en plus.
Pour les marques, l’avertissement est clair : si l’humain disparaît de vos récits, de vos expériences et de vos engagements, vous devenez parfaitement substituables. À l’heure où 78 % des marques pourraient s’effacer sans être regrettées, miser sur l’authenticité, la preuve et la relation n’est plus une option : c’est une question de survie.
Notre responsabilité, en tant qu’agences et communicants, est donc d’aider les marques à résister à l’artificiel et à réinventer la valeur du lien humain. Car dans un monde saturé de simulacres, ce sont justement les marques qui sauront cultiver le vrai qui auront encore un avenir.